Pays pionniers de l’hydrogène dans le monde : quel est leur classement en 2025 ?

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Ingénieur inspectant grands réservoirs d'hydrogène en extérieur

60 milliards de dollars : voici la somme que les États consacrent à l’hydrogène dans le monde en 2025. Derrière ce chiffre, une rivalité de géants, une transformation silencieuse des équilibres énergétiques, et un sprint industriel qui rebat la donne entre puissances établies et nouveaux venus.

Pourquoi l’hydrogène décarboné s’impose comme un pilier de la transition énergétique mondiale

L’hydrogène s’affranchit de la confidentialité. Jadis réservé à la chimie et aux raffineries, le voici à l’offensive, porté par la promesse d’une énergie propre pour les usages réfractaires à l’électrification. Acier, transports lourds, aviation : partout où le CO₂ résiste, l’hydrogène avance.

Avant d’aller plus loin, il faut différencier les trois familles qui organisent la production actuelle :

  • Le gris : produit à partir de gaz naturel sans captage du CO₂, il reste prédominant, mais son impact carbone le rattrape.
  • Le bleu : aussi issu du gaz naturel, cette fois couplé à la capture, utilisation et stockage du carbone (CCUS), pour limiter les émissions.
  • Le vert : né de l’électrolyse de l’eau poussée par l’énergie renouvelable, ce dernier trace sa route grâce à la baisse du coût du solaire et de l’éolien.

Les regards se braquent désormais sur l’hydrogène renouvelable. Les électrolyseurs se déploient, stimulés par de nouvelles politiques publiques et des investissements massifs. La demande explose côté industries, qui cherchent l’alternative au carbone, et dans les transports qui cherchent à tourner la page du pétrole.

Mais bien plus qu’un simple outil de décarbonation, l’hydrogène chamboule la géopolitique de l’énergie. Il redistribue les cartes entre acteurs historiques et nouveaux entrants, offrant des marges de manœuvre inédites et aiguisant la rivalité technologique. Entre les questions de coût et la normalisation, la tendance est nette : l’hydrogène bas-carbone s’impose comme l’un des socles de la transition énergétique mondiale.

Quels pays façonnent le leadership sur l’hydrogène vert en 2025 ?

Le classement mondial, en 2025, se lit déjà à travers la vitalité des industries et la multiplication des projets stratégiques. La Chine s’approprie la tête sur la fabrication d’électrolyseurs, presque un appareil sur trois hors-Occident sort désormais de ses usines. Sa capacité industrielle s’affirme comme la référence à dépasser.

Les États-Unis, de leur côté, misent sur l’hydrogène bleu, soutenus par d’imposants avantages fiscaux. Leur terrain de jeu : valoriser leur gaz naturel, tout en gardant la main sur le CO₂ par des technologies avancées de captage.

L’Inde accélère, avec un premier pôle d’hydrogène vert et plus de 21 milliards de dollars déjà investis. L’objectif est clair : produire vite, exporter massivement, et consolider sa place en Asie grâce au renouvelable.

Sur le pourtour méditerranéen et au sein de la péninsule Arabique, le Maroc, l’Égypte, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis multiplient les annonces. Atouts : un ensoleillement record et l’ambition de pénétrer le cercle fermé des nations exportatrices d’hydrogène propre.

L’Union européenne ne reste pas en marge. L’Allemagne et la France, appuyées par le cap climatique européen, investissent à grand échelle dans la filière. Atout : savoir-faire technologique et un marché déjà mobilisé autour de la décarbonation.

Panorama des projets phares et alliances stratégiques à l’échelle internationale

La scène internationale s’anime d’alliances inédites et de consortiums d’envergure. Les industriels misent sur les synergies, la mutualisation des recherches et la sécurisation des approvisionnements. Illustrations concrètes de ces stratégies croisées :

  • En Chine, Siemens Energy s’allie à Guofu Hydrogen et RCT GH Hydrogen pour mettre sur pied une filière compétitive dédiée à l’hydrogène vert.
  • Technip Energies fait équipe avec Graphitic Energy autour de matériaux de nouvelle génération pour booster le rendement de la production propre.
  • Dans le transport, Volvo Trucks avance sur la logistique lourde avec un prototype de camion thermique alimenté par hydrogène.

L’axe Europe-Asie se consolide : la norvégienne Nel ASA et SAMSUNG E&A organisent l’industrialisation de l’électrolyse à grande échelle. Le Maroc voit Masen et OCP bâtir des plateformes d’export, pendant qu’à Oman, Hydrom orchestre des projets nationaux inédits.

Les partenariats ne se limitent pas à la technique. Air Products Qudra et Aramco ambitionnent de placer l’Arabie saoudite au centre du jeu, tandis que Virya Energy, HyoffGreen et Messer progressent en Europe. Les labs tricolores, CEA, CNRS et IFP, s’attellent à mettre au point des technologies de rupture décisives pour rester compétitifs sur le long terme.

Jeune femme en réunion présentant données sur l

Marché, perspectives économiques et position de la France dans la compétition mondiale

Attirant déjà 229,53 milliards de dollars de valeur en 2025 et en visant plus de 350 milliards en 2032, le marché mondial de l’hydrogène connaît une montée rapide. Ce boom ne doit rien au hasard : la pression climatique et la progression rapide des énergies renouvelables bousculent le paysage industriel.

À ce jour, l’hydrogène gris règne sur plus de 95 % du marché, mais la croissance la plus rapide appartient à l’hydrogène vert, avec un rythme annuel supérieur à 15 %. Les raffineries absorbent à elles seules plus de 40 % de la demande mondiale, confirmant leur rôle pivot.

Trois blocs se démarquent. L’Asie-Pacifique domine en volume. L’Europe accélère sa décarbonation et place la barre haut sous l’impulsion de la politique communautaire. L’Amérique du Nord, elle, compte sur la puissance publique pour enclencher le basculement vers l’hydrogène propre.

Quant à la France, elle avance ses pions avec régularité mais bataille face à une compétition globale féroce. L’État déploie de lourds investissements, multiplie les dispositifs d’innovation, mais la distance avec les champions asiatiques ou américains demeure. Pourtant, la maîtrise technologique et l’expertise industrielle tricolore font la différence sur des niches stratégiques. La suite ? Tout va dépendre de la capacité à investir massivement, faire tomber les coûts, et s’entourer des bons alliés pour rester dans la course.

Le signal est lancé : l’hydrogène redistribue les cartes. Les positions évoluent, l’histoire s’écrit déjà. La clé sera d’imaginer ce que sera la puissance énergétique quand la page du carbone sera réellement tournée.